lundi 25 janvier 2010

Henri Proglio : Cacophonie dans le CAC40

par Didier Testot.

Plus les jours passent et plus Henri Proglio Pdg d'EDF et encore Président du Conseil d'administration de Veolia au moment ou j'écris ces lignes, devient un homme sympathique. Le déchainement médiatique alimenté par les déclarations multiples des Ministres, de l'Opposition et de tous ceux qui ont soit disant un avis sur la question, est surréaliste. Ce matin Henri Proglio semble lâché par tous : la presse nationale vue par Arrêts sur Images

Tout avait commencé dans le calme pourtant le 25 novembre 2009 si l'on s'en tient seulement à la chronologie et pas aux rumeurs puis confirmation qu'Henri Proglio ne pouvait pas refuser le poste de Pdg d'EDF, Pierre Gadonneix s'étant "cramé" en juillet en annonçant qu'il fallait "augmenter de 20% les prix de l'électricité en trois ans" (La Tribune du 9 juillet 2009), et ce en pleine crise économique et financière. A la question de La Tribune : Quelle hausse des tarifs jugez-vous nécessaire ?, la réponse de Pierre Gadonneix paraissait limpide, mais politiquement inadmissible "Un rattrapage est nécessaire. Depuis 25 ans, si nous avions ne serait-ce que répercuté l'inflation, les prix seraient 40 % supérieurs. Or, aujourd'hui, nous avons relancé l'investissement en France pour pérenniser notre patrimoine industriel. Pour poursuivre cet effort sans accroître la dette, l'écart à combler est de 20 %. Il pourrait être étalé par exemple sur trois ans". Le Gouvernement ayant refusé cette stratégie choisit donc de changer le capitaine d'EDF plus rapidement que prévu et fit appel à Henri Proglio, Pdg inconnu du grand public jusqu'alors, mais l'une des figures du CAC40, patron de Veolia Environnement. Un homme au caractère bien trempé et qui lorsqu'il rencontre des journalistes n'hésite pas à dire "tout le bien" qu'il pense de ses concurrents dont certains également Pdgs du CAC40. Quand il n'aime pas, il le dit !

(Photo Le Figaro)

Le Gouvernement trancha donc pour Henri Proglio mais ce communiqué du 25 novembre semble aujourd'hui improbable : "Paris, le 25 novembre 2009. M. Henri Proglio a été nommé Président-Directeur Général d’EDF par décret en conseil des ministres. L’évolution annoncée de la gouvernance de Veolia Environnement est confirmée et les nominations suivantes, décidées par le conseil d’administration de Veolia Environnement du 2 novembre 2009 prennent effet à la date de publication de ce décret : - M. Henri Proglio exerce les fonctions de Président du conseil d’administration, - M. Louis Schweitzer est désigné Vice-président du conseil d’administration, - M. Antoine Frérot est nommé Directeur Général."
A l'époque, tout le monde, le Gouvernement en tête, trouva tout à fait normal que le Pdg de Veolia garde la main ou du moins un oeil averti sur "sa maison" ex-Générale des Eaux depuis 38 ans. En a-t-il fait trop dans ses premières déclarations sur la stratégie d' EDF, voulant incarner la nouvelle stratégie nationale notamment dans le nucléaire au détriment d'Areva ?

Son principal soutien initial, le Président de la République Nicolas Sarkozy, n'a pas vu venir la "Bronca" nationale, doit-on ajouter, pré-électorale, qui a valu une avalanche d'articles de presse dont Henri Proglio se serait bien passé.

Soutenu par les Ministres, puis "descendu" rapidement par ces mêmes Ministres quand l'heure de la fin de la récréation fut sonnée, Henri Proglio fin stratège a dû se rendre à l'évidence, il ne pouvait plus justifier sa rémunération de 450.000 euros chez Veolia, ridiculisant par la même ceux qui lui avaient accordé (Daniel Bouton ex Pdg de la Générale, Louis Schweitzer ex Pdg de Renault notamment...)
Le soutien gouvernemental à un Pdg "cumulard", bien payé, bénéficiant d'une confortable retraite chapeau, n'a pas tenu la distance. Mais ce n'est pas Henri Proglio qui doit être surpris de ce lâchage en rase campagne, il connaît trop bien les politiques à la tête d'un groupe dont les relations avec les politiques sont constantes depuis sa création.

Mais à force de s'acharner sur l'homme qui a accepté d'être Pdg d'EDF, avec sans aucun doute une vision stratégique pour l'un des plus grands groupes mondiaux du secteur, Henri Proglio redevient presque sympathique, car l'excès d'un côté comme de l'autre ne favorise aucunement le vrai débat.

S'il restait chez Veolia, les actionnaires doivent savoir pourquoi ? S'il envisage des synergies ou des opérations de rapprochement, comment l'intérêt des actionnaires sera-t-il préservé ? S'il devient seulement Pdg d'EDF, les actionnaires pourraient alors penser à juste titre qu'il les défendra mieux pour faire grandir et réussir les futurs développements du groupe. Oui les actionnaires ont droit au respect. Ils ont investi dans un groupe ou l'Etat reste fortement présent, et toute nomination et évolution stratégique les concerne. L'Etat n'est pas le seul actionnaire, peut-il l'admettre ?

Ces questions de rémunérations et de gouvernance, semblaient avec la crise économique et financière constituer un axe clé de la nouvelle régulation économique, il n'en est rien.

Le CAC 40 et ses entreprises publiques ou privés proches d'une manière ou d'une autre de l'Etat resteront la cible d'une gestion cahoteuse, car politique des dossiers. Pendant que l'on se perd dans les "petites" stratégies, les groupes français échouent à l'international, car incapables de s'entendre et de s'unir face à des Coréens.
Un comble, mais qui n'est pas neutre en termes d'image. Si l'on veut incarner une politique industrielle à la Japonaise ou à l'Américaine, voire Chinoise désormais, il faut faire preuve d'intelligence et y mettre tous les moyens pour un même objectif, prendre une place plus large dans la bataille économique qui est en cours. On peut l'espérer à défaut d'y croire vu l'étalage fait avec Henri Proglio.

A qui le tour ?

Pour finir, j'aurais dû commencer par là : Quand on cherche Henri Proglio sur le moteur Google, voici ce qu'on y trouve : Pdg du CAC40, un dur métier !

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