dimanche 23 septembre 2012

Sans la Fed, les banques françaises auraient-elles pu survivre ?

par Didier Testot
Faire son travail de journaliste consiste parfois après avoir reçu un courriel, d'aller chercher une information donnée comme certaine par l'auteur du message.
Dans le cas présent, sa réthorique concernait l'échec des politiques monétaires, et notamment de celle de la Réserve Fédérale américaine. Dans le même message, il pourfendait les aides données aux banques, incluant les banques françaises. Et c'est là que je fus interpellé !
Je n'avais jamais vraiment entendu parlé d'aides de la Réserve Fédérale américaine (Fed) aux banques françaises. Mon premier réflexe, après l'étonnement, vu les montants annoncés, fût d'aller vérifier, en me disant qu'il devait y avoir une erreur.
Je me souvenais bien du plan de François Fillon, alors Premier Ministre, en faveur des banques françaises au pire moment, en 2008, après la faillite de Lehman Brothers, réaction logique, afin d'éviter la panique. Mais de la Fed, rien !
Interrogeant un spécialiste du secteur bancaire, il me confirmait ces informations, mais en faisant une recherche plus profonde, pas vraiment d'articles sur le sujet et aucun souvenir de "Une" sur le sujet.
Au contraire même, les articles de presse de cette période mentionnaient plus le redressement spectaculaire des résultats des banques françaises, et donc la vertu de leur modèle, contrairement aux "vilaines" banques anglosaxonnes !
Pourtant le Rapport du GAO (Gouvernment Accountability Office) en juillet 2011, sorte de Cour des Comptes Américaine, donne tous les détails, et ils sont impressionnants par les montants en jeu.
A l'échelle de Citigroup, 2.513 milliards de dollars sur les différents programmes, pour mémoire le PIB de la France est autour de 2.000 milliards d'euros.
Et pour les banques françaises ?

BNP Paribas est en tête et a reçu pas moins de 175 milliards de dollars oui bien 175 milliards de dollars !

GAO (Gouvernment Accountability Office, Rapport de Juillet 2011)

Viennent ensuite Dexia, dont on connaît le succès par la suite, avec 159 milliards de dollars, puis la Société Générale avec un "petit" 124 milliards de dollars.

Durant la période de 2007 à 2010, le modèle de banque universelle, défendu en coeur par les responsables des grandes banques françaises, aurait-il pu tenir sans les aides de la Fed ? C'est bien là la question, alors que l'Europe ( et la France en particulier) cherche toujours une solution pour son modèle de banques.

TAF, PDCF, TSLF, CPFF, sans ces programmes de financement de la Fed, le système bancaire mondial aurait vécu une nouvelle fois la crise de 1929, lorsque les "mauvaises" banques avaient
disparu !

Autre document sur le sujet, via l'agence Bloomberg qui avait été commenté, cette fois-ci, avec les montants et les moments clés : "Bloomberg : The Fed’s Secret Liquidity Lifelines"

De 2007 à 2010, ces montants importants ont donc été essentiels, et si le trader Jérôme Kerviel a fait la Une des journaux avec une perte qui lui a été imputée, de 5 milliards d'euros, (pour les Traders Perdus, une association a été créée via la Web Tv www.labourseetlavie.com  : Humour), on voit bien que l'enjeu était ailleurs et que la Fed a bien été au centre du sauvetage mondial des banques. Les banques françaises n'ont pas échappé à la règle.

La question est donc posée, le modèle de banque universelle, défendu bec et ongles par les banques françaises aurait-il tenu sans l'aide de la Fed ? 

Je n'ai pas à ce jour la réponse, certains analystes le pensent et préconisent une séparation claire des activités via un retour au Glass Steagall Act, c'est le cas de Christophe Nijdam, analyste chez Alphavalue : Vidéo .

Le pdg de la Société Générale, Frédéric Oudéa,  que j'avais eu l'occasion de rencontrer à Paris Europlace, en juillet dernier, n'est pas de cet avis : Vidéo Société Générale.

A Bercy, chez Pierre Moscovici, le Ministre de l'Economie, tous ces éléments sont censés être connus. Nous verrons dans les prochains mois, ce qui finalement est retenu par le Gouvernement, l'enjeu est pourtant clair, en France, sans les banques, il n'y a pas de financement de l'économie, mais sans quel type de banques exactement ?



Derrière ces noms inconnus du grand public :

TAF : Term Auction Facility : La Réserve Fédérale vend aux enchères des fonds aux institutions. En vertu de la Term Auction Facility (TAF), la Réserve fédérale va vendre aux enchères des fonds aux institutions de dépôt à terme. Toutes les institutions de dépôt qui sont admissibles à emprunter dans le cadre du programme de crédit primaire seront admissibles à participer aux adjudications TAF. Toutes les avances doivent être entièrement garantis. Chaque enchère TAF sera pour un montant fixe, avec un taux déterminé par le processus d'enchères (sous réserve d'un taux de soumission minimal).Les offres seront soumises par téléphone par le biais des banques locales de la Réserve. La vente aux enchères terme définitif aux enchères Facilité a été réalisée le 8 Mars 2010.

PDCF : The Primary Dealer Credit Facility (PDCF) is an overnight loan facility that will provide funding to primary dealers in exchange for any tri-party-eligible collateral and is intended to foster the functioning of financial markets more generally. (La facilité de Primary Dealer Credit (PDCF) est une facilité de prêt durant la nuit qui offrira un financement aux primary dealers en échange d'une garantie tripartite éligibles et vise à favoriser le bon fonctionnement des marchés financiers en général.)

TSLF : The TSLF is a 28-day facility that will offer Treasury general collateral (GC) to the Federal Reserve Bank of New York’s primary dealers in exchange for other program-eligible collateral. It is intended to promote liquidity in the financing markets for Treasury and other collateral and thus to foster the functioning of financial markets more generally.(Le TSLF est une installation de 28 jours qui offrira des garanties du Trésor général (CG) de la Federal Reserve Bank de New York primary dealers en échange d'un autre programme, des garanties éligibles.Il est destiné à favoriser la liquidité dans les marchés de financement de trésorerie et d'autres garanties, et favoriser ainsi le bon fonctionnement des marchés financiers en général.)

CPFF : The Commercial Paper Funding Facility (CPFF) was created in October 2008 to provide a liquidity backstop to U.S. issuers of commercial paper. The CPFF was designed to improve liquidity in short-term funding markets and thereby contribute to greater availability of credit for businesses and households. Under the CPFF, the Federal Reserve Bank of New York financed the purchase of highly rated unsecured and asset-backed commercial paper from eligible issuers through eligible primary dealers. The facility expired on February 1, 2010.(La Facilité de financement du papier commercial (CPFF) a été créé en Octobre 2008 afin de fournir un filet de sécurité de liquidité pour les émetteurs de papier commercial aux États-Unis. Le CPFF a été conçu pour améliorer la liquidité sur les marchés de financement à court terme et de contribuer ainsi à une plus grande disponibilité du crédit pour les entreprises et les ménages. Dans le cadre du CPFF, la Federal Reserve Bank de New York a financé l'achat d'une cote élevée de papier commercial non garanti et adossé à des actifs d'émetteurs admissibles par l'entremise admissibles primary dealers.L'installation a pris fin le Février 1, 2010.)



Le sénateur Bernie Sanders avait écrit à ce sujet pour demander à la Fed, de la transparence.
http://www.huffingtonpost.com/rep-bernie-sanders/a-real-jaw-dropper-at-the_b_791091.html

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