lundi 1 juin 2009

General Motors en panne sèche

par Didier Testot

Même s'il ne s'agit pas d'une surprise car depuis plusieurs semaines la faillite rodait, le dépôt de bilan du numéro un américain de l'automobile General Motors, entreprise centenaire, restera comme la disparition de Lehman Brothers, parmi les symboles d'une crise financière et économique sans précédent.

Pour les chiffres sur la base des 82 milliards de dollars d'actifs pour 172.8 milliards de dettes déclarées par le groupe pour la fin du mois de mars, la faillite du constructeur automobile se classe en troisième place derrière Lehman Brothers en 2008 et WorldCom en 2002. C'est surtout la plus grosse faillite de l'histoire industrielle des Etats-Unis.

GM a donc demandé la protection de la loi sur les faillites dans le cadre d'un plan de restructuration drastique. GM recevra 30 milliards de dollars d'aide supplémentaire de l'Etat et le Trésor américain prévoit d'accorder au total 50 milliards d'aides au constructeur pour une participation qui sera de 60% dans GM une fois sa restructuration achevée.

La cure d'amaigrissement va donc commencer : fermeture d'une douzaine de sites, suppression d'un tiers des effectifs et réduction du nombre des concessionnaires. Le choc de la faillite de GM est immense car il met à mal une croyance ancienne de l'économie américaine, le fameux "Too Big to fail". Nous le savons désormais, même les géants peuvent disparaître dans une telle crise.

On pourra toujours mettre en avant les erreurs commises par les dirigeants de cette entreprise qui ont conduit GM à aller dans le mur, en s'obstinant dans le Big, et les véhicules gloutons en essence pas chère, et en n'anticipant pas sur ce marché, mais d'autres ont fait aussi des erreurs.

Comme beaucoup d'investisseurs pensaient que jamais un Lehman Brothers ne pouvait être abandonné par le Trésor américain, beaucoup d'américains et même d'européens n'auraient pu imaginer que General Motors, le numéro un mondial de l'automobile pendant des décennies, serait balayé de la sorte.

Le géant est mort, et aux termes de la procédure, soit le "New GM" pourra repartir sur des bases assainies, soit il ira vers la liquidation, finissant d'assombrir une ville de Détroit, déjà sinistrée, avec son centre-ville fantôme, que j'avais eu l'occasion de voir en 1993, impressionné par cette ville comme par le siège de GM, aussi impressionnant par son ampleur que laid par son architecture.

L'histoire économique s'écrit en ce moment au jour le jour, ce lundi, soit un mois après le début de la procédure devant un tribunal de commerce, un juge fédéral a donné son feu vert à un plan de redressement qui prévoit la vente de la plupart des avoirs de Chrysler à Fiat et la prise de contrôle majoritaire du capital (55%) par un fonds de pension d'ancien salariés, tandis que le constructeur italien détiendra 20% du capital et pourra monter à terme à 35%. De la sorte, Chrysler pourrait sortir de la procédure de faillite dans le délai accordé par le gouvernement : 30 à 60 jours.

Pour GM, le challenge est donc aussi là ! Le gros 4X4 que l'on voit occasionnellement en une du site de GM ressort aujourd'hui comme le symbole de la gabegie des années de facilité, l'évolution de l'économie mondiale est désormais beaucoup rapide et il devient aujourd'hui beaucoup plus complexe pour des entreprises lourdes et inadaptées au changement de s'adapter.

Leçon de crise, leçon d'humilité, devoir d'analyse et de prospective pour le secteur automobile, car la crise est loin d'être terminée.

Comme le dit Fritz Henderson le Chief executive de GM dans sa lettre aux investisseurs, il faut réinventer GM et l'automobile.

Si le New GM réussit, le secteur automobile montrera encore une fois que parfois à l'image de Fiat en Europe, il peut renaître de ses cendres.


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