lundi 26 janvier 2009

Célébration et enterrement le même jour dans la gestion d'actifs.

par Didier Testot

Comme me l'avait dit une personne proche lorsque j'ai célébré mes 20 ans : "Tu sais après, çà avance vite, tu verras". Et j'ai vu. Elle avait largement raison.
Ce 26 janvier 2009, à l'Hôtel Intercontinental, situé au 2 rue Scribe, Edouard Carmignac le dirigeant éponyme de Carmignac Gestion a lui aussi voulu fêter à sa manière son anniversaire. Les 20 ans de Carmignac Gestion. Et il n'a pas hésité à mettre en parallèle sa présentation de la stratégie de sa maison indépendante pour 2009, avec la fusion des pôles de gestion d'actifs du Crédit Agricole et Société Générale, "un anniversaire et un enterrement le même jour", selon lui.
Certes on ne se situe pas sur la même échelle, à savoir le nouvel ensemble Crédit Agricole et Société Générale et détenu à 70% par Crédit Agricole S.A et à 30% par Société Générale, représente selon les deux banques, au 30 septembre 2008, 638 milliards d’euros d’actifs sous gestion, générant plus de 1,8 milliard d’euros de produit net bancaire5 et 0,9 milliard d’euros de résultat brut d’exploitation, selon le communiqué des deux banques.
Pour Carmignac Gestion, les derniers chiffres sont de 13 milliards d'euros d'encours sous gestion. On parle dans le métier de "boutique" pour Carmignac face aux géants de la gestion d'actifs.
Des géants qui doivent aujourd'hui faire face aux conséquences de la crise financière et revoir leur stratégie en la matière. Il est peut-être encore trop tôt pour penser que le modèle français de "banque universelle" est obsolète, ce modèle d'équilibre entre banque de détail en France et à l'étranger, services financiers spécialisés, banque de financement et d'investissement (BFI) et gestion d'actifs. Censé montrer sa résistance en période de crise, il a finalement souffert plus que prévu, en raison de l'ampleur de celle-ci. L'effet Lehman Brothers restera comme un choc immense balayant toutes les certitudes des banquiers les plus expérimentés.
Là, on ne parle que de gestion d'actifs, mais c'est un premier mouvement intéressant sur la stratégie que mettent en oeuvre les banques.
Car selon le Crédit Agricole et la Société Générale, "cette nouvelle société de gestion d’actifs pourrait être introduite en bourse à un horizon de 5 ans. Crédit Agricole S.A. et Société Générale s'engagent à conserver leurs participations dans le nouvel ensemble pour une période d’au moins 5 ans".
Un concurrent de moins comme le disait avec humour Edouard Carmignac, sur la papier certainement, mais surtout une situation économique qui devrait amener d'autres acteurs européens à revoir leur stratégie pour leurs activités de gestion. Et l'adoption de ce que les spécialistes appellent "l'architecture ouverte" amènera des opportunités pour les fameuses "boutiques".
A 20 ans, tous les rêves sont possibles, celui d'Edouard Carmignac est de devenir le "mini Fidelity européen", du nom de l'un des principaux gestionnaires indépendants américains.
De l'optimisme alors que la semaine dernière, le "Dr Catastrophe", Nouriel Roubini, professeur à la New York University, et l'un des rares à avoir vu venir la trop fameuse crise des subprimes, évaluait sur son site www.rgemonitor.com, à 3.600 milliards de dollars, les pertes du secteur financier américain, suggérant que le système bancaire américaine était au bord de la faillite.
Boutique ou nouveau mastodonte de la gestion, il leur faudra convaincre en 2009 que leur stratégie est la meilleure face à des marchés qui leur ont joué des tours tout au long de l'année 2008 et qui risquent bien de continuer de la même manière en 2009.

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