dimanche 15 février 2009

L'Etat mère de tout

par Didier Testot.
Cela n'étonne plus personne, il faut dire qu'en temps de crise financière et économique, l'Etat est devenu le sauveur, le seul sauveur, et par là même recommandable voire chaudement recommandé. Pour l'automobile qui ne trouve plus d'argent auprès des banques, pour les banques qui ne se prêtent pas entre elles depuis plusieurs mois, mais aussi dès qu'un problème surgit, on trouve de l'argent et l'Etat s'avance alors même qu'il y a seulement quelques mois de cela, l'Etat n'avait plus d'argent disponible dans ses caisses.
Ce retour en force de l'Etat qui n'est pas en soi anormal, crise oblige, apparemment cela donne un nouvel élan interventionniste à la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, qui nous avait chaudement recommandé le vélo lorsque le pétrole flambait.
Aujourd'hui, elle peut se permettre de dire à la Caisse d'Epargne et aux Banques Populaires d'accélérer leur mariage qui ne se passera pas un dimanche à Bamako mais à Paris.
Elle se réjouit aussi selon le Figaro des bénéfices de Total, et selon ce journal elle précise :"Je ne pense pas que les salariés du groupe Total soient dans une situation de paupérisation. Moi, ce qui m'intéresse, c'est ce que le groupe fait pour créer de l'activité et de la valeur, et je serai particulièrement attentive aux investissements". Cette attention de Madame Lagarde, ce sont les dirigeants de Total que cela doit amuser. Pour avoir une influence sur une entreprise comme me le disait un ancien grand patron, si on ne possède pas de capital, impossible de faire entendre sa voix au conseil d'administration. Çà vaut aussi pour l'Etat.
Revenons aux banques, date butoir fin février donc et sous menace de nationalisation ont même pu écrire des confrères. Selon
Le Monde du 14 février 2009 : "J'ai demandé à ces deux établissements d'accélérer la manœuvre, a-t-elle déclaré. Il y a urgence, ce n'est pas la peine de faire traîner les propositions de fusion éternellement." "Je crois que la fin du mois de février serait une bonne échéance", a ajouté Madame Lagarde. Certes l'Etat est venu au secours des banques, mais au-delà de la nécessaire surveillance de l'utilisation des fonds que les banques françaises ont pu allé emprunter à l'Etat, faut-il considérer que Bercy régente jusqu'à la gouvernance des banques ? En France, cela a toujours été le cas il est vrai, un professeur de droit m'avait largement fait comprendre qu'il suffisait de regarder la taille du ministère de l'Economie pour comprendre que le pouvoir était là. Le pouvoir et le contre-pouvoir diront les fins observateurs. Dans ce cas si l'Etat intervient c'est sans doute qu'il y a le feu dans la maison. Et le feu s'appelle Natixis dixit un professionnel que j'ai croisé à déjeuner ce midi.
Mais les gouvernants, quelque soit leur appartenance, ont sans doute la mémoire courte. Faut-il leur rappeler le Crédit Lyonnais transformé en LCL mais dont chaque français paye encore (une ligne sur la feuille de paye) le solde. L'Etat à la manoeuvre n'est pas forcément le meilleur conseiller.
Reste qu'il ne peut pas laisser un pan du système financier tomber au risque que l'ensemble du système ne vacille et l'économie d'un pays tout entier avec.
Espérons que l'Etat fasse preuve de discernement dans son action pour ne pas encore alourdir le fardeau qui va peser sur ceux qui n'y sont pour rien, vous et moi. New CRDS ? A Bercy on a peut-être déjà trouvé son alter ego pour 2009. A suivre.

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