dimanche 10 mai 2009

Tapie dans l'ombre du Club Med

par Didier Testot

Bernard Tapie a l'habitude des marchés financiers, il en connaît les us et coutumes.
Le Club Med en est un bon exemple. Personne apparemment ne s'intéressait à ce titre car avant même la crise du tourisme international, la stratégie du Club Med passé dans la catégorie haut de gamme pour les prix sous la présidence du toujours souriant Henri Giscard d'Estaing n'était plus vraiment partagée par les investisseurs.
C'est le JDD qui a réveillé la belle endormie, samedi 25 Avril 2009 avec cet article référencé sur le net comme un scoop. Et le JDD de titrer "Tapie veut prendre le Club Med Par O.J" .
Un scoop signé par deux initiales ? En général quand on sort un scoop, on en est fier et on met son nom en toutes lettres ! Etonnant comme dirait M. Cyclopède. Un scoop qui semblait faire pschitt avec la réaction de
Bernard Tapie sur RTL : le document RTL.
Explications de texte pour les non-initiés.
En disant "Ce n'est pas du tout un de mes projets", il se protège tout en étant dans le jeu. Il répond à une question qui lui est posée sur la prise de contrôle après l'article dans le JDD qui affirmait qu'il voulait prendre le contrôle du Club Med (le JDD journal boursier ?). Cela ne veut pas dire qu'il ne s'intéresse pas au dossier.
Le JDD a remis le couvert ce week-end avec cette citation de Bernard Tapie : "Trois ou quatre fonds amis sont prêts à me suivre dans cette opération. Et je dispose du soutien d'actionnaires du groupe qui en ont assez de voir fondre leurs investissements depuis cinq ans. Ils pensent que je peux aider car il y a beaucoup de travail à faire sur le contenu du Club Med."
25 avril - 9 mai, tout au plus quelques jours et deux visions d'un même Bernard Tapie de retour sur la place de Paris. On passe ainsi d'un "On parle pour moi, on me fait dire des choses..." à "j'ai le soutien d'actionnaires du groupe....".

Regard sur ces actionnaires au moment où l'on en parle : Des pactes d'actionnaires, un socle historique..La bataille médiatique est donc lancée.
Les actionnaires vont pouvoir se déterminer et l'augmentation de capital en est une bonne occasion. Pour le reste Bernard déclare au JDD. "Nous n'avons pas acheté un seul titre. Je ne possède pas même une action". Pour quelqu'un qui dit avoir le soutien d'actionnaires c'est embêtant, à moins que cela fasse aussi partie de la stratégie.
On imagine que l'AMF (le gendarme de la Bourse) est déjà en train de regarder si toutes ces déclarations et/ou mouvements de titres récents avant cette agitation sont bien conformes à ses règlements.
A ce jour pour les actionnaires du Club Med, les spectacles des GO sont loin de faire rire. Le pic du titre Club Med de l'été 2007 autour des 50 euros n'est plus qu'un lointain souvenir, le titre ne cessant par la suite de sombrer autour des 8 euros pour les plus bas. Selon un gérant, du côté des volumes, il y a eu une forte hausse du volume depuis le 24 avril (environ 100.000/jour ) alors qu’avant , cela tournait plus entre 20.000 et 50.000/jour à l’exception notable du 16 avril avec 104.000 échanges.
Le 20 février dernier lors de l'Assemblée générale du groupe Henri Giscard d'Estaing indiquait triomphant à ses actionnaires :
"Face à la dégradation économique mondiale, le Club Med a l'avantage d'affronter 2009 avec une stratégie claire : faire du Club Med "le spécialiste mondial des vacances tout compris haut de gamme conviviales et multiculturelles". Nous avons en effet la bonne stratégie pour le Club Med : - que nos résultats opérationnels valident année après année, notamment en 2008 mais aussi à travers notre chiffre d’affaires positif du 1er trimestre 2009 ; - qui réduit nos risques en période de crise ; - enfin, qui nous dote d’atouts uniques grâce à notre positionnement haut de gamme."
Pour un actionnaire du Club Med, l'analyse était différente: " Cette stratégie représente 400 M€ d’investissement sur 3 ans – 500 avec les partenariats, et il reste une dette nette de 295 M€. La capacité bénéficiaire du Groupe doit s’analyser au niveau du résultat net, qui traduit une perte de 33 M€, impactée surtout par le poids de la dette. Nous sommes loin du résultat opérationnel de 100 M€ annoncé il y a quelques années".
L'augmentation de capital annoncée le 6 mai pour un peu plus de 101 millions d'euros est donc venue troubler le jeu à point nommé. La Caisse des Dépôts et le Crédit Agricole non actionnaires se sont engagés pour des montants respectifs de 20 et de 10 millions d'euros. Ce que conteste Bernard Tapie. On rebat les cartes pour une nouvelle partie ? A suivre.

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