par Didier Testot
Il y a quelques mois (novembre 2010), j'écrivais avec un brin d'humour que le ver (LVMH) était dans la soie (Hermès).
"D'un côté un groupe de luxe LVMH dont le fondateur Bernard Arnault met 1,45 milliards d'euros (pour commencer) sur la table pour prendre 17,1% du capital d'Hermès, de l'autre une société protégée par une commandite, dont les actionnaires confirment leur "unité".
La bataille ne fait que commencer. Elle sera peut-être médiatique, en tout cas, il serait très étonnant que dans quelques mois, les lignes n'aient pas bougé.
Désormais, le ver est dans la soie, maintenant qu'il y est venu, pourquoi partirait-il ?
Il est dans son élément !"
Et voilà qu'en ce mois de mars 2011, dans le Journal du Dimanche (JDD), c'est chez Hermes que le coup de semonce est arrivé, comme l'avait envisagé dès le départ le prédateur Bernard Arnault, pdg de LVMH. Certes le tsunami au Japon et les drames en cours, n'ont pas permis à ce dossier de faire la Une, il n'en est pas moins en train de connaître une nouvelle étape, alors même que Bulgari (groupe familiale italien) a cédé aux avances de LVMH cette semaine.
La petite phrase qu'a obtenu le JDD provient de Nicolas Puech, l'une des branche familiales, actionnaire de Hermes.
Selon le JDD, "à lui seul, Nicolas Puech possède le plus gros bloc d’actions d’Hermès. Un "peu moins de 6%", selon ses calculs(...)Certaines rumeurs lui attribuent jusqu’à 10% du capital ".
Suffisant pour commencer à faire trembler la commandite, d'autant plus que dans ce genre de milieu, on parle peu, et lorsqu'on choisit de le faire, ce n'est pas sans arrières-pensées.
(photo site Hermes)
Réponse de Nicolas Puech au JDD : "Nous disposons déjà de tout ce qu’il faut pour, le jour venu – dans dix, vingt ou cinquante ans, qui le sait? – pouvoir choisir celui à qui nous confierons les rênes d’Hermès. J’ai dit à ma famille qu’enfermer nos actions dans une holding présenterait l’inconvénient majeur de priver les actionnaires familiaux de leur pouvoir individuel de contrôle sur la gestion. La liberté de chacun est le meilleur garant de notre unité à long terme".
Le reste est à l'avenant avec cette pique destinée à la famille : "Je connais personnellement les Guerlain et j’entends parler par des proches des Krug et des Bulgari. Tous semblent satisfaits de leurs liens avec LVMH. En ce qui concerne Hermès, mon seul souhait est que cette maison préserve ses caractéristiques si particulières qui la placent hors du lot. Hermès est une entreprise artisanale dont la finalité est de transmettre un patrimoine et un savoir-faire".
Héritier Hermes, on peut donc être LVMH compatible.
Bernard Arnault n'exultera pas, c'est pas son genre, mais, on aurait aimé être là lorsqu'on l'a informé de cette nouvelle brèche parue dans le JDD.
Alors les dés sont-ils jetés ? C'est sans doute pas l'avis de ceux qui dirigent aujourd'hui Hermes, mais les cartes viennent d'être redistribuées.
Et beaucoup plus qu'un simple changement de jeu, il va falloir trouver dans les prochaines semaines d'autres arguments pour maintenir le cap de la maison au célèbre "H", un "H" qui tremble désormais sur ses bases, pas encore un "tsunami", en référence à l'actualité, mais une nouvelle brèche, suffisante pour penser que le secteur du Luxe d'après crise risque encore de nous étonner.
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